Approche intégrative
De notre point de vue, l’entretien motivationnel se prête particulièrement bien à une approche intégrative. Par expérience, nous pourrions dire que le style, l’état d’esprit et les techniques d’entretien vont permettre de lier avec plus de facilité d’autres techniques entre elles. Bien sûr, ce sera particulièrement vrai pour toutes les thérapies que nous qualifierons de guidance, comme les thérapies cognitives et comportementales, la thérapie familiale, systémique de Palo Alto, la gestalt, hypnose, EMDR, mais aussi certaines approches psychodynamiques et bien sûr cette liste n’est pas exhaustive.
Cette idée d’intégration pourra aussi viser d’autres pratiques comme l’entretien en sociologie, la pédagogie et notamment les pédagogies actives ou expérientielles. Nous dirons d’ailleurs qu’une démarche de formation à l’entretien motivationnel repose pour nous essentiellement sur des animations semblables à ce type de pédagogie.
Bien sûr, une démarche intégrative va réclamer une certaine maîtrise de l’Entretien Motivationnel autant que de la méthode d’intervention retenue pour être en mesure de les combiner ensemble avec fluidité. Malgré tout, une fois acquise, notre expérience montre qu’elle potentialise la dynamique du changement et le maintien du comportement pour la personne accompagnée.
Cet article et le suivant visent donc à introduire des éléments de réflexion à l’utilisation de l’entretien motivationnel non seulement dans des secteurs d’activités différents mais surtout avec des techniques relationnelles spécifiques.
L’approche centrée sur la personne de Carl R. Rogers
Présentation
« Chacun a en lui la capacité de conduire sa vie d’une manière à la fois satisfaisante sur le plan personnel et constructive sur le plan social. Il existe une forme particulière et libératrice de relation d‘aide, qui permet aux gens de trouver en eux sagesse et confiance et de faire des choix de plus en plus sains et de plus en plus constructifs ». Carl R. Rogers
L’influence de Carl R. Rogers (1902-1987) est considérable dans l’histoire de la psychothérapie, de la relation d’aide, de l’éducation et du développement personnel. Il a animé le courant de la psychologie humaniste de 1960 à 1985. Il a été le premier à mettre en œuvre les principes de la communication interpersonnelle authentique pour résoudre des conflits entre groupes et entre nations. Il a écrit 16 ouvrages et on lui attribue plus de 200 articles d’ordre technique et universitaire. Ces livres ont été traduits dans plus de 60 langues différentes. Il a animé le courant de la psychologie humaniste de 1960 à 1985.
Dès quarante ans, Carl R. Rogers crée un modèle de psychothérapeute qu’il nomme « l’aidant », c’est-à-dire celui qui sait apporter sa spontanéité créatrice au projet d’autonomisation du « client ». Cette nouvelle orientation d’esprit abandonne tout a priori de jugement, de soutien et de contrôle. La non-directivité comporte une attitude de compréhension fondamentale laissant au client le choix de sa voie, de son langage et de ses décisions. Cette relation d’aide se fonde sur l’optimisme et la confiance dans les capacités évolutives de chaque personne, malgré la souffrance psychique. Cette relation d’aide deviendra l’approche centrée sur le client.
Cette approche s’appuie sur l’instinct d’accomplissement, ou tendance à l’actualisation (voir Abraham H. Maslow) que possède tout organisme vivant et qui fait qu’il tend à croître, à se développer, à réaliser tout son potentiel. Elle fait confiance à l’élan vital qui conduit l’homme vers un développement plus complexe et plus complet. Elle se donne pour but de libérer cet élan vital.
Carl R. Rogers a été un précurseur dans l’utilisation de supports audiovisuels dont quelques films réalisés pendant qu’il conduisait des entretiens ou des sessions de groupes de thérapies. Ces supports ont permis d’observer et d’étudier sa pratique. Il a été le premier à introduire la notion d’évaluation dans la psychothérapie mais aussi dans toute forme de relation d’aide et d’éducation. Il a permis ainsi de mesurer l’impact de la relation interpersonnelle et les attitudes pouvant faciliter l’apprentissage et l’auto-actualisation de la personne.
Comment faire usage des acquis de la recherche en matière d’approches à la relation d’aide ?
Carl R. Rogers affirme que leur application servile ou mécanique est exclue, dans la mesure où elle nierait les qualités personnelles dont les conclusions des études réalisées soulignent l’importance. La meilleure exploitation possible consiste donc à les confronter à notre propre expérience et à élaborer ainsi de nouvelles hypothèses sur lesquelles nous nous appuierons et qu’ultérieurement nous mettrons à l’épreuve dans nos propres relations.
Comment créer une relation d’aide ?
La qualité de la relation doit avant tout s’établir dans un climat de confiance et pour cela Carl R. Rogers conseille trois attitudes :
– L’authenticité et la congruence : soit la concordance entre ce que l’aidant ressent au plus profond de lui-même, ce dont il est conscient et ce qu’il montre à son client.
– La valorisation, l’acceptation, la confiance : le regard inconditionnellement positif de l’aidant valorise le client, totalement. Alors, on peut conjecturer quelque progrès.
– La compréhension empathique : l’aidant perçoit avec exactitude les sentiments qu’éprouve le client, avec cette intelligence faite d’ouverture et de disponibilité.
Notre article suivant étudie le processus du changement selon Carl R. Rogers.