Les précurseurs de l’analyse systémique

Bien que l’on puisse déterminer l’apparition du mot « systémique » dans la deuxième moitié du XXème siècle, il résulte de la théorie systémique (ou théorie des systèmes) qui est l’un des fondements de la systémique. Les premières communications scientifiques et philosophiques sur la théorie des systèmes et de la pensée systémique datent du XVIIème siècle.

Blaise Pascal

Blaise Pascal (1623-1662), mathématicien, physicien, philosophe français, peut être considéré comme un précurseur de la cybernétique avec l’invention de la machine à calculer (1642), et des fondements de l’approche systémique pour avoir écrit dans Les Pensées (1657) : “Toutes choses étant causées et causantes, aidées et aidantes, médiates et immédiates, et toutes s’entre-tenant par un lien naturel et insensible qui lie les plus éloignées et les plus différentes, je tiens impossible de connaître les parties sans connaître le tout, non plus que de connaître le tout sans connaître particulièrement les parties.” Blaise Pascal explique l’ensemble par ses éléments, assurant que pour connaître l’un il faut connaître l’autre, s’opposant ainsi au réductionnisme analytique. Blaise Pascal initie un nouveau courant de pensée préfigurant l’émergence de la théorie des systèmes.

L’abbé Étienne Bonnot de Condillac

L’abbé Étienne Bonnot de Condillac (1715-1780), français, il est le premier auteur d’un ouvrage traitant des systèmes. Le Traité des Systèmes, paru en 1759, est une critique des métaphysiques rationalistes classiques et est considéré comme l’ouvrage de référence qui définiera le cadre de ce qui va devenir la théorie des systèmes et l’approche systémique.

Prenant la science expérimentale comme modèle, Condillac démontre que doivent être privilégiés les systèmes reposant sur des faits observables, et rejetés les systèmes reposant sur des principes abstraits, et des hypothèses.

Bien qu’abbé, il n’exercera jamais son sacerdoce, préférant la réflexion et la philosophie, se consacrant plus particulièrement à l’étude des métaphysiciens modernes. L’attention de ses contemporains fut attirée sur sa doctrine le sensualisme, grâce à certains de ces ouvrages originaux de métaphysique. Il démontre dans « Le traité des sensations » que les facultés ne sont que sensations transformées. Rien n’est alors dans l’intellect qui n’a pas été d’abord dans la sensation. On peut donc philosophiquement en conclure que Condillac a évolué de l’empirisme au sensualisme.

Fréquentant les salons parisiens et leur intelligentsia, il y rencontra les fondateurs de « l’Encyclopédie », et se liera d’amitié avec Diderot mais aussi Jean-Jacques Rousseau, d’Alembert, Voltaire et Fontenelle. Il sera admis à l’Académie Française en 1768.

Dans le Traité des Systèmes, Condillac critique la métaphysique de Spinoza (1632-1677) et accuse l’auteur rationaliste de l’Éthique d’asseoir son raisonnement et ses démonstrations sur des mots plutôt que sur des notions. Télécharger le Traité des Systèmes.pdf

Ludwig von Bertalanffy

Ludwig von Bertalanffy (1901-1972), biologiste autrichien, peut-être considéré comme la première figure de l’approche systémique. Après 15 années de recherche, il publie en 1945, dans la revue Blätter für Deutsche Philosophie, un article intitulé Zu einer allgemeinen Systemlehre, qui peut se traduire par « Sur une science générale des systèmes ». Puis en 1950, il fait état d’une théorie des systèmes ou théorie systémique (general system theory en anglais ou system à valeur d’adjectif qui peut se traduire par systémique), ce ne sera qu’en 1968 qu’il publieraGeneral System Theory. Von Bertalanffy revendique l’antériorité de sa théorie par rapport à la cybernétique.

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