Les Structuralistes

Présentation du structuralisme

Le structuralisme, courant des sciences humaines, puise ses origines dans une hypothèse linguistique, à l’initiative de Ferdinand de Saussure, et son « Cours de linguistique générale » en 1916. La langue est alors considérée comme un système où chacun des éléments trouve sa justification par l’interaction qu’il entretient avec les autres. Hjelmslev définit la structure en tant que système comme « une entité de dépendances internes ».

Par extension, tout au long du XXème siècle, différents courants de pensée se sont ressaisis de cette théorie. Cette réappropriation du système a permis de voir émerger la glossématique en linguistique, le fonctionnalisme porté par des anthropologues, sociologues, historiens, linguistes, philosophes et architectes, la psychomécanique, le distributionnalisme, et l’anthropologie structurelle brillamment et succinctement exposée par Lévis-Strauss en ces quelques mots :

« Si l’activité inconsciente de l’esprit consiste à imposer des formes à un contenu, et si ces formes sont fondamentalement les mêmes pour tous les esprits, anciens et modernes, primitifs et civilisés, comme l’étude de la fonction symbolique, il faut et il suffit d’atteindre la structure inconsciente, sous-jacente à chaque institution et à chaque coutume, pour obtenir un principe d’interprétation valide pour d’autres institutions et d’autres coutumes. »

La théorie structuraliste a donc été reprise et adaptée à plusieurs courants de pensées dans des disciplines sans corrélation avec la linguistique, sa définition en est donc aujourd’hui différente.

Riche de ces multiples apports émanant des différentes disciplines, le structuralisme est alors une discipline, un courant de pensée permettant l’analyse d’un système premièrement par l’étude de la place qu’un phénomène occupe au sein de ce système par l’application de lois d’associations et de dissociation, deuxièmement en abordant le système comme un tout par rapport à l’individu, ainsi que les événements et les éléments, ou objets d’analyse en tant qu’ils sont contemporains, en dehors de leur évolution en intégrant les interactions qui les lient en abstraction de leur éventuelle hétérogénéité.

Les structuralistes

Ferdinand de Saussure

Ferdinand de Saussure (1857-1913), suisse, considéré comme le fondateur du structuralisme en linguistique – alors qu’il n’a jamais fait appel au terme de « structure » mais bien de « système » dans l’ensemble de son oeuvre – et l’initiateur de la sémiologie, ses travaux se distingueront par son étude du langage, comme la capacité à s’exprimer grâce à des signes, et de la langue comme un ensemble de signes par lesquels un groupe communique.

Saussure a étudié le langage tel un système clos de signes, où chaque signe trouve sa définition par différence par rapport aux autres. Ainsi la sémiotique est l’étude du « processus de signification », soit la production, la codification et la communication de signes.

Considérée comme sémiotique, sa théorie d’interprétation du langage, en tant qu’ensemble de signes, permet la distinction au sein du signe du signifiant et du signifié. Pour Saussure, « Le signifié et le signifiant contractent un lien », où dans le couple signifiant / signifié, le signifié détermine le concept et le signifiant le phonème.

Claude Lévi-Strauss

Claude Lévi-Strauss (1908-2009), français, structuraliste, anthropologue et ethnologue, reconnu pour ses travaux en sciences humaines, il est considéré comme un des fondateurs du structuralisme.

Il a appliqué à l’anthropologie l’analyse structurale en étudiant les systèmes de parenté. Jusqu’à lors l’anthropologie s’attachait à l’étude de la famille stricto-sensu, parents/enfants. Révolutionnant cette méthode, il aborde l’identité familiale par l’angle systémique, par les interactions et les relations que les familles entretiennent entre elles, par l’analyse d’« unités » familiales plutôt que par l’analyse de l’« unité » elle-même.

Jean Piaget

Jean Piaget (1896-1980), suisse, structuraliste, psychologue, biologiste, logicien et épistémologue reconnu pour ses travaux relatifs au développement de l’intelligence chez l’enfant, fondateur de l’épistémologie génétique, il est l’auteur de l’ouvrage Le structuralisme, aux Presses Universitaires de France, en 1968. Il y analyse le concept historiquement et le repositionne dans le contexte des différentes sciences, permettant ainsi de cerner la notion de structure et la méthodologie propre du courant structuraliste.

Il définit le concept de structure comme « un système de transformations, qui comporte des lois (…) et qui conserve ou s’enrichit par le jeu même de ces transformations ». Ainsi, le structuralisme est une méthode permettant d’analyser les phénomènes observés. Ceux-ci sont alors considérés comme formant un système, chacun d’eux se déterminant par rapport aux autres par sa nature intrinsèque et sa fonction dans le système.

Pour Piaget, cette méthode est essentielle pour les Sciences de l’Homme car parvenir à « réduire un certain champ de connaissances à une structure autorégulatrice [donne] l’impression d’entrer en possession du moteur intime du système ».

Liste des structuralistes

La liste des structuralistes est fort longue à développer tant leur nombre, leurs disciplines de prédilection, leurs réflexions est riche en matière d’analyse des systèmes et des structures fondamentales. Il s’avère intéressant et nécessaire de citer malgré tout :

– Le cercle linguistique de Prague dans les années 30 autour de Nikolaï Troubetzkoy, Sergeï Karcevsky, Nikolaï Sergueïevitch Troubetskoï et de Roman Jakobson, qui envisagent la linguistique ainsi qu’ « une méthode propre à permettre de découvrir les lois de structure des systèmes linguistiques et de l’évolution de ceux-ci »
– Louis Hjelmslev (1899-1965) développant la « glossématique »,
– Bronislaw Malinowski, Radcliffe-Brown tous deux anthropologues et André Martinet linguiste développant dans leurs disciplines respectives la théorie du « fonctionnalisme »,
– Gustave Guillaume (1889-1960), linguiste, initiateur de la « psychomécanique »,
– Les travaux d’inspiration ethnolinguistique et comparatifs, sur le relativisme culturel appliqué au langage d’Edward Sapir (1884-1939) et Benjamin Lee Whorf (1897-1941), ainsi que ceux de Joseph Greenberg, (1915-2001) sur les « universaux linguistiques » la « typologie linguistique »,
– Leonard Bloomfield (1887-1948), Charles Hockett (1916-2000) et Zellig Harris (1909-1992), tous trois linguistes développant le « distributionnalisme », théorie linguistique fondée sur l’analyse de ce qui a trait à la distribution des éléments dans un énoncé.
– Jacques Lacan (1901-1981) dans le domaine psychanalytique
– Franz Brentano (1838-1917), Carl Stumpf (1848-1936), Christian von Ehrenfels (1859-1932), Edmund Husserl (1859-1938), Wertheimer (1880-1943) au début du XXème siècle développant le « structuralisme phénoménologique » et la « gestalt théorie »
– Michel Foucault (1926-1984), Jacques Derrida (1930-2004), et Pierre Bourdieu (1930-2002), pour les principaux auteurs et penseurs post-structuralistes.

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