Définition Entretien Motivationnel

Cet article a pour but de présenter l’entretien motivationnel dont les différentes facettes seront développées dans les articles suivants.

L’Entretien Motivationnel (EM) est une approche semi-directive centrée sur le client pour augmenter la motivation intrinsèque à changer en explorant et en résolvant une ambivalence.

Qu’est-ce que l’Entretien Motivationnel ?

Cette approche est une méthode dynamique pour aider la personne à augmenter sa motivation à agir et à changer. Elle a été adaptée et théorisée à partir de l’expérience du traitement des buveurs à risque et décrite pour la première fois par William Miller en 1983. Ces concepts fondamentaux et ces approches méthodologiques ont été élaborés par William Miller et Stephen Rollnick en 1991 dans une description plus détaillée des procédures qui la rend de ce fait particulièrement accessible. L’apport déterminant de Steve Rollnick a été de pointer l’ambivalence comme un pilier central dans le développement à la motivation pour adopter un nouveau comportement.
Depuis, la méthode a été largement validée par de nombreuses études scientifiques dans des domaines variés de la santé mais aussi de toute forme de relation d’aide. Elle s’adapte à toutes les cultures.

Comparée à l’entretien non-directif, cette approche se focalise sur un but précis, dans ce sens nous dirons que l’Entretien Motivationnel est semi-directif. L’objectif est de permettre un changement de comportement, en apportant une aide à la personne dans l’exploration et la résolution de ses ambivalences pour faciliter des choix et élaborer un plan d’actions. Elle est donc utile à chaque fois qu’il s’agit de renforcer une motivation utile.

Les liens théoriques de l’Entretien Motivationnel

Outre, l’approche centrée sur la personne et les conditions nécessaires pour le changement de Carl R. Rogers, d’autres bases théoriques ont permis à William R. Miller d’élaborer sa pratique. Parmi ces théories, citons celles de : Léon Festinger sur la dissonance cognitive, de Daryl Bem sur la théorie de la perception de soi et aussi de James Prochaska et Carlo DiClemente concernant le modèle transthéorique du changement. Nous retiendrons de ce dernier modèle les stades du processus de changement.

L’état d’esprit

Il est essentiel de distinguer l’esprit de l’Entretien Motivationnel (EM) et les techniques qui sont recommandées pour manifester cet esprit. Rester trop focalisé sur la technique peut faire perdre de vue l’esprit et le style qui sont le point central de cette approche.

L’esprit de la méthode peut être caractérisé par quelques points clés (d’après les sources S. Rollnick et W.R. Miller) :

1. La motivation à changer doit émaner du client et ne pas être imposée de l’extérieur.

D’autres approches de motivation ont mis en valeur la coercition, la persuasion, la confrontation constructive, et l’utilisation de contingences externes (par exemple, la menace de perte du travail ou de famille). De telles stratégies peuvent avoir leur place dans l’évocation du changement, mais elles sont totalement différentes de l’esprit de l’Entretien Motivationnel, lequel compte sur l’identification et la mobilisation des valeurs et objectifs intrinsèques du client pour stimuler le changement de comportement.

2. Il appartient au client d’exprimer et de résoudre son ambivalence et non pas au thérapeute.

L’ambivalence prend la forme d’un conflit entre deux lignes de conduite, (par exemple, indulgence opposée contrainte) dont on perçoit pour chacune les avantages et les inconvénients. Beaucoup de gens n’ont jamais eu l’occasion d’exprimer leur confusion fréquente, leurs contradictions et les éléments essentiellement personnels de leur conflit. La tâche du thérapeute est de faciliter l’expression des deux côtés de l’impasse de l’ambivalence et guider le client vers une résolution acceptable qui déclenche le changement.

3. La persuasion directe n’est pas une méthode efficace pour résoudre l’ambivalence.

La tentation existe d’être « utile » en persuadant le patient de l’urgence du problème et des avantages au changement. Il est assez clair cependant, que ces tactiques augmentent généralement la résistance du client et diminue la probabilité du changement (Miller, Benefield et Tonigan, 1993, Miller et Rollnick, 1991).

4. Le style de l’entretien est généralement calme et suscite la participation du client.

La persuasion directe, la confrontation agressive et l’argumentation sont en opposition conceptuelle avec l’EM et sont explicitement proscrites de cette approche. Pour un thérapeute accoutumé à confronter et à donner des conseils, l’EM peut sembler être un processus désespérément lent et passif. La preuve est dans les résultats. Des stratégies plus agressives parfois guidées par un désir « de confronter le déni du client » glissent facilement vers le fait de pousser des clients à faire des changements pour lesquels ils ne sont pas prêts et qui de ce fait n’aboutiront pas où ne dureront pas à long terme.

5. Le thérapeute est semi-directif en aidant le client à explorer et résoudre son ambivalence.

L’EM n’implique aucune formation des clients aux habiletés comportementales, bien que les deux approches ne soient pas incompatibles. L’hypothèse opérationnelle de l’EM est que l’ambivalence ou le manque de détermination sont les principaux obstacles à surmonter pour déclencher le processus de changement. Une fois que c’est accompli, il peut ou pas être nécessaire d’intervenir plus loin, telle qu’une formation aux habiletés comportementales. Les stratégies spécifiques de l’EM sont conçues pour susciter, clarifier et résoudre l’ambivalence dans une atmosphère respectueuse de thérapie centrée sur le client.

6. L’état de préparation à changer n’est pas un trait de caractère du client, mais le résultat variable d’une interaction interpersonnelle.

Le thérapeute est donc très attentif et répond aux signes de motivation du client. La résistance et le déni sont vus, non pas comme des traits de caractère du client, mais comme un feedback concernant le comportement du thérapeute. La résistance du client est souvent un signal que le thérapeute a présumé grandement du niveau de préparation au changement du client et ceci est un signal que le thérapeute a besoin de modifier des stratégies pour susciter la motivation.

7. La relation d’aide est plus un partenariat entre le client et le thérapeute, qu’un modèle expert/bénéficiaire.

Le thérapeute respecte l’autonomie et la liberté du choix du client (et les conséquences) au regard de son propre comportement.
Nous voyons ainsi qu’il s’agit de bien plus qu’un modèle s’appuyant sur des techniques, mais qu’il s’agit plutôt de la recherche d’un équilibre subtil de conduite semi-directive centrée sur la préoccupation du client. Cette approche s’appuie sur une philosophie qui s’inspire plus d’une démarche de guidance qui va susciter le changement et l’engagement à agir du client. Si cette technique est utilisée que comme stratégie de manipulation, son essence a été perdue et son impact réduit d’autant.

Vu ainsi, il est donc inadéquat de penser à l’EM comme une technique ou un ensemble de techniques qui sont appliquées « pour » ou pire « utilisées sur » des personnes. C’est plutôt un style interpersonnel qui ne se limite pas aux séquences formelles d’une thérapie.

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